L'inventeur de villes, publié chez Gaussen en 2013, est toujours disponible chez les "bons libraires" et directement chez l'éditeur David Gaussen, auprès de qui on peut se le procurer, soit en passant dans sa boutique au 37, rue du Côteau, Marseille 7e, soit en l'appelant au 06 99 56 47 97, soit en lui adressant un mail à david.gaussen@gmail.com ou en allant sur le site des éditions Gaussen www.editionsgaussen.fr. Vous pouvez aussi bien sûr via le formulaire de contact de ce blog m'en commander un exemplaire. Aux dernières nouvelles, le bouquin coûtait toujours 12 euros et comptait 112 pages sur un très beau papier bouffant au format 140 x205 mm. A la jaquette très réussie, illustrée d'une oeuvre du peintre Yves Krief, je me suis permis d'adjoindre pour cette parution en feuilleton des jaquettes "personnalisées" qui changeront à chaque épisode.
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16 - MONTPELIER
Avec un seul l.
Où en sont les Etats-Unis d’Amérique ? Après le démantèlement de l’empire soviétique, après l’éclatement de l’Europe toujours en cours, après la dangereuse explosion du Moyen-Orient, les USA à leur tour vont-ils subir des pressions centrifuges ? Aujourd’hui cela m’a semblé une évidence. Née d’une coïncidence. J’ai acheté un jeu pour mon ordinateur, un truc banal, un jeu de guerre et de conquête, des forces armées de factions rivales s’opposent sur un terrain de bataille fait de losanges sur lesquels vous faites avancer vos troupes. Rien d’extraordinaire. Dix, quinze, vingt jeux, proposaient la même problématique guerrière. Celui-ci pourtant était spécial. Pas d’affrontement historique, pas de conflit imaginaire galacto-cosmique ou d’heroïc-fantasy, pas de reconstitution de la première ni de la deuxième Guerre mondiale, non, ce dont il était question ici, c’était de l’éclatement des Etats-Unis. Après un double mandat trop rigoureux d’un président extrémiste, la révolte éclate et des états font sécession. Ainsi naissent ou renaissent une république du Texas, une confédération sudiste, une république de Californie, une fédération des Grandes Plaines. L’Europe s’en mêle et pose un pied tout militaire en Nouvelle-Angleterre sous prétexte de maintenir la paix et l’unité de l’Amérique. Pagaille monstre, blindés, aviation, bombes, des morts. Un jeu ! Mais en lisant le quatrième de couverture l’idée que les USA n’étaient pas une nation vouée à l’éternité a commencé à me titiller l’esprit. Le truc s’appelait « Shattered Union », j’ai commencé à jouer, j’ai fait de Pittsburgh ma capitale et j’ai tenté de réunifier le pays, sous l’égide de l’Union européenne. Pax Europeana. Les Texans n’étaient pas d’accord et j’ai dû bombarder Dallas, Fort Worth et Corpus Christi, puis j’ai arrêté, j’avais d’autres chats à fouetter. Et puis j’allais me faire laminer par les forces conjuguées de la Californie et des Grandes Plaines. Exit. J’oublie « Shattered Union » et les velléités sécessionnistes des états sudistes et des états nordistes. Pourtant, c’était le jour. Un peu plus tard j’ouvre le magazine que j’avais reçu au courrier. Je suis abonné à Courrier International, ainsi j’ai des nouvelles du monde toujours originales, toujours différentes de celles que nous donnent les médias "officiels" français. Sous la tétière « Amériques », page 22, un titre me bloque : « Le Vermont veut faire sécession ». Ce n’est plus un jeu. C’est extrêmement sérieux. Les élus de Montpelier, capitale du Vermont, se sont rendus à Chattanooga, dans le Tennessee, pour y rencontrer les séparatistes de la Ligue du Sud. Ils jugent tous que le pouvoir fédéral est trop puissant, ils veulent rétablir les libertés perdues des Américains. Refaire l’Union en somme, mais d’abord en morceaux séparés. « Shattered Union », pour de vrai. Pas encore la guerre, mais des forces latentes, qui mûrissent, des muscles politiques qui travaillent à nouveau, des mémoires qui se reconstituent. Une première république indépendante a bien existé du côté du Vermont, de 1777 à 1791, sous la houlette de Ethan Allen. Elle s’appela Republic of New Connecticut, puis Republic of the Green Mountains, les vertes montagnes, les “verts monts”. Nom qui fut officiellement adopté le 8 juillet 1777. Avec son drapeau vert, dont le quart supérieur gauche est bleu semé d’étoiles blanches, le Vermont, minuscule état, sème à nouveau la zizanie dans les Etats-Unis d’Amérique. Montpelier est une toute petite ville, avec ses 8000 habitants elle est la plus petite des capitales américaines d’états fédéraux. Une mini-capitale qui grogne, qui imprime des tee-shirts « US out of Vermont ». A Montpelier il n’y même pas de McDo… Une rébellion adolescente ou le grain de sable dans l’engrenage ? Qui sait comment fonctionne l’Histoire, et de quelles forces elle nourrit ses bouleversements ?
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Prochaine étape : Seborga.