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Melmac

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The Melmac Cat, alias MELMAC, vient d'une autre planète... MELMAC publie de l'imaginaire, du roman noir et policier, de la SF, des chroniques urbaines et des textes liés à Marseille, etc... MELMAC est en librairie, en France et en Belgique, depuis juin 2021.


L'inventeur de villes - feuilleton, 22. Rome

Publié par patrick coulomb sur 26 Février 2016, 10:20am

L'inventeur de villes - feuilleton, 22. Rome

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22 - ROME

On entend parler ces temps-ci, si l'on tend l'oreille, d’un concept « nouveau » dans notre société de consommation. Cette idée, qui nous viendrait des « pays du Nord », Suède en tête, mais les Suédois l’ayant eux-même piquée, entend-on, aux Américains, ce concept donc, est celui de la décroissance. La décroissance, ou encore « a-croissance » (souvenez-vous de Van Vogt et de son « monde des A »), l’anti-consommation, dénommée en anglais downshifting, serait un concept tout à fait nouveau, apparu pour tenter de réagir à la surconsommation de biens et de matières premières des sociétés occidentales dans les dernières décennies du 20ème siècle et les premières années du 21ème. La génération des Jonas, qui a eu 25 ans en l’an 2000 (cf. le film de 1975 d’Alain Tanner, « Jonas, qui aura 25 ans en l’an 2000 »), désormais composée en bonne partie de trentenaires bien-pensants, commence à comprendre qu’elle est enfermée dans le ventre d’une phénoménale baleine et que ses feux de cheminée sont en train d’occire la bête. Aussi, avec une bonne volonté nouvelle - croit-elle - cette génération, et celle qui la suit, s’efforce de tirer une sonnette d’alarme et d’agir quelquefois en fonction de cette prise de conscience. Evidemment, les Jonas et leurs camarades ont raison. Mais qu’ils regardent en arrière pour éviter de faire les mêmes erreurs que les générations qui les ont précédés, celles qui sont nées pendant et avant la deuxième Guerre mondiale, à la "glorieuse" époque du baby boom, puis dans les années 60. Ceux-là n'étaient pas plus idiots, et ont eu, pour certains, une prescience supérieure encore, puisqu’ils étaient a priori plus éloignés du bord du gouffre. Ils avaient vu venir le danger de loin. Pourquoi ce chapître est-il intitulé Rome à votre avis ? C’est qu’en 1968 déjà, à l’heure où balbutiait un « Marché Commun » à six pays (France, Allemagne, Italie, Belgique, Hollande et Luxembourg, faut-il le rappeler ?) et où la France montait ses barricades, 1 an après l’été des fleurs, 5 ans avant le 1er choc pétrolier et 31 ans avant Al Qaïda, quelques illuminés (tout au moins est-ce comme ça qu’on les a considérés) prônaient déjà la croissance zéro et s’étaient regroupés dans ce qu’ils appelèrent le « Club de Rome ». Tout simplement parce que leur première réunion eut lieu le 8 avril 1968 à Rome, à l’Académie des Lynx, la plus ancienne académie scientifique d’Europe, fondée en 1603, en pleine Renaissance. Ces nouveaux lynx, qui, bien avant nos Jonas, avaient vu venir le danger, se nommaient Aurelio Peccei, administrateur de la FIAT, et Alexander King, ex-directeur, écossais, de l’OCDE. Au début des années 70, le Club de Rome a réalisé deux rapports, l’un, en 1972, avait pour titre « Halte à la croissance ? », le second, en 1974 : « Sortir de l’ère du gaspillage ».

La chasse au « gaspi », les Français l’ont bien connue dans les années 70, mais ils l’ont vite zappée de leur mémoire quand on a agité sous leurs nez quelques jolis froufrous, quelques BMW turbo ou les si désirables 4x4 germano-nippo-coréens qui ont fait la joie des cadres supérieurs. Pour autant, les idées du Club de Rome ne resteront peut-être pas lettre morte et pourraient - devraient ? - renaître aujourd’hui de leurs cendres. Peu importe si c’est à Stockholm ou Copenhague qu’il faut aller les régénérer et si le Club, qui existe toujours, est basé désormais à Zürich. Ce qui importe, c'est que la détérioration des termes de l'échange s'est encore aggravée entre pays consommateurs et pays producteurs, ce qui importe c'est que la répartition des richesses n'a jamais été aussi dénuée de toute logique et de tout pragmatisme, ce qui importe c'est que le dérèglement climatique pèse comme une menace sur la totalité de la planète, ce qui importe, c'est que le besoin effréné de matières premières (pétrole, métaux, bientôt l'eau elle-même) provoque des guerres et des souffrances terrifiantes. Voilà pourquoi Rome. Rome, la ville « éternelle ». Là où tout a commencé, de la mise en musique de la civilisation occidentale jusqu'aux solutions pour la rendre durable...

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