28/09/2018 -
Il m'a fallu un mois pour pouvoir en parler ici, pour comprendre que la mort de ce garçon était réelle. François, Michel et moi, au sein de L'Ecailler, en avions fait un des nos auteurs fidèles, avec qui le compagnonnage était devenu humain plus que littéraire. Aussi est-il toujours difficile de "croire" en son décès, au mois d'août dernier, lorsqu'il s'est noyé dans l'Atlantique en sauvant son fils, la veille de ses 49 ans.
Pour ses obsèques auxquelles je n'ai pas pu assister, j'ai rédigé un texte, au nom de l'ensemble de ses éditeurs, nous, Ecailler, et ses autres éditeurs, voici ce texte, je ne pense pas qu'il m'en voudra de le rendre public :
"Bordelais né à Dunkerque, Africain dans l'âme, Parisien par nécessité, Pierre était à lui seul un carrefour des mondes, de deux mondes, l'Europe et l'Afrique. Nous, ses éditeurs, tous ses éditeurs, avons rencontré en lui une étincelle. Une étincelle de coeur et d'esprit qu'il laissait apercevoir dans la pétillance de son regard et dans la délicatesse enjouée de son sourire.
Dans les histoires de vie qu'il écrivait aussi. Sous sa plume, le monde retrouvait une dimension humaine. Peu importe les scénarios de ce qu'il racontait, ce qui importait en le lisant était que l'on se retrouvait soudain emporté par l'humain et par ce que l'humain contient de fantastique. Et souvent, presque toujours, par l'Afrique. Par cette étrangeté - pour nous Européens - du regard africain sur le monde, dans lequel les choses derrière les choses, les forces de l'esprit, ne semblent jamais être bien éloignées.
Au carrefour des mondes, Pierre s'était fait le metteur en scène, le traducteur plutôt, de cette façon de considérer le temps et l'espace. Peut-être son épouse lui a-t-elle servi de guide dans ce voyage, peut-être l'Afrique au contraire l'avait-elle mené vers elle. Ce voyage continue, forcément ; forcément Pierre est là quelque part, enjambant la Méditerranée tel un géant, un pied sur chacun de nos deux continents.
A sa famille nous disons notre peine. Nous l'aimions avec sincérité, comme il a pu, lui, nous aimer. Et, au-delà de l'espace et du temps, nous partageons avec elle, si cela se peut, la tristesse d'avoir perdu Pierre.
Patrick Coulomb, Jean-Jacques Reboux, Noël Simsolo, François Thomazeau"
Je voudrais simplement rajouter ici la liste des ouvrages qu'il a publiés : Nok en stock et Ballon noir, chez L'écailler, De Dakar à Paris, un voyage à petites foulées, chez Calmann-Lévy, Chien fantôme, aux Lunes Blafardes, Togo or not Togo, chez Baleine (Le Poulpe) et La vacance du petit Nicolas, avec Renaud Dely, chez Baleine, Lagos 666 et Nena Rastaquouère, chez Baleine.